L’Espace le vrai monde? loue sa salle de spectacle lorsque celle-ci n’est pas occupée par une activité liée à la mission du Collège ou sa programmation régulière. La salle est ainsi fréquemment utilisée par des organisations, des entreprises, des écoles ou des groupes de personnes afin d’y tenir des événements, par exemple des colloques, des conférences et des présentations artistiques. Le Collège n’est, d’aucune façon, lié à ces événements.
L’Espace le vrai monde? a reçu, voilà quelques semaines, une demande de location des Productions France-Québec pour une conférence dont le sujet principal est la monnaie numérique. C’est en toute bonne foi qu’un contrat fut alors signé entre le Collège et Les Productions France-Québec afin de réserver la salle. Au moment de la signature, ni le déroulement de l’événement, ni les conférencières et les conférenciers n’étaient connus.
Le jeudi 8 juin dernier, plusieurs personnes et groupes associés au Collège, dont la directrice générale, Nathalie Vallée, recevaient un courriel du Collectif Montréal Antifasciste exigeant l’annulation de l’événement, en évoquant que celui-ci donne la parole à plusieurs conférencières et conférenciers connus pour leurs positions ou leurs discours porteurs, toujours selon ce groupe, de thèmes racistes, xénophobes, islamophobes, antiféministes, transphobes et homophobes. Le courriel spécifiait que si le Collège n’annulait pas cet événement, une campagne de dénonciation publique serait amorcée.
Or le Collège ne peut annuler l’événement, puisqu’il n’en est pas l’organisateur. Ce que l’on demande au Collège, c’est plutôt de briser un contrat de location de salle afin d’empêcher la tenue de l’événement.
Le Collège se sent ainsi sous la menace d’être dénigré publiquement et se retrouve malgré lui piégé dans une situation qu’il vit pour une première fois, où ses valeurs d’équité et d’inclusion et sa grande volonté de valoriser la diversité seront peut-être remises en question dans les médias par un groupe qui cherche l’annulation d’un événement.
C’est pourquoi le Collège tient avant tout à affirmer que les valeurs d’équité et d’inclusion prévalent et, sans faillir, soutiennent ses actions et sa communauté. L'option de l'annulation du contrat a été discutée et analysée pour conclure qu’elle pouvait être apparentée à de la censure, qu’elle comportait de possibles conséquences légales, financières et réputationnelles et finalement qu’elle n’était pas la meilleure pour le Collège et sa communauté.
Le Collège réaffirme que sa mission d’éducation vise, tout au cours des parcours pédagogiques de ses étudiantes et de ses étudiants, à former des citoyennes et des citoyens ouvert·e·s aux différences, possédant des outils leur permettant d’analyser les situations, de les contextualiser et de les raisonner afin de se forger une opinion éclairée. Il vise aussi à offrir un milieu d’études et de travail où le bien-être physique et psychologique de toutes les personnes est pris en compte.
C’est avec cette confiance en sa communauté que le Collège répondra à d’éventuels questionnements quant à son intégrité face à la tenue, en ses murs, d’un événement controversé.
Cette situation est une occasion de réfléchir aux cadres et aux balises qui concernent la location de nos locaux. Elle a le mérite d’avoir suscité une réflexion qui sera approfondie dans les mois qui viennent.