Entre 2001 et 2007, plusieurs échanges éducatifs et culturels se sont tenus entre le Collège Ahuntsic et l’École des beaux-arts du chemin de fer de Zhengzhou, ville-préfecture de la province du Henan en Chine, dans le cadre d’un protocole d’entente entre les deux institutions d’enseignement. C’est dans ce contexte que M. Ma Guoqiang, rédacteur en chef adjoint du Quotidien du Henan et rédacteur en chef du Journal Dahe, a offert cette encre sur papier au Collège Ahuntsic. M. Ma Guoqiang, membre de la délégation de l’École des beaux-arts du chemin de fer, accompagnait les jeunes Chinois de la deuxième cohorte venant étudier au Collège Ahuntsic. L’œuvre (95 x 178 cm) représente une vue imaginaire du Fleuve Jaune, comme les signes calligraphiques le précisent. Offerte en rouleau, elle a été encadrée par le Collège.
Les représentations de paysages apparaissent en Chine durant la dynastie Song (960-1279); dès le Xe siècle, y figurent des motifs récurrents, que l’on retrouve dans cette œuvre offerte au Collège.
La technique à l’encre est déjà remarquable : l’artiste y nuance les valeurs de noir et blanc afin de traduire la profondeur graphiquement. Cependant, quelques touches de couleurs vives attirent l’attention sur des composantes minuscules de cette vaste composition, comme le dessinateur et son compagnon, présents au bord du Fleuve Jaune.
Mais plus encore que la technique, la répétition des éléments iconographiques qui composent traditionnellement les paysages chinois révèle le caractère imaginaire de ces constructions à visée philosophique. En effet, bien que le fleuve peint ici traverse la province du Henan, l’œuvre ne représente pas une description littérale de la nature. Ainsi, au fil du temps, l’eau vive s’est frayé un chemin entre les pierres. La juxtaposition de l’eau qui coule et des rochers qui la dominent, comme dans cette encre, témoigne de la volonté de l’artiste de représenter un lieu harmonique, qui apporte la paix à celui qui prend le temps de le regarder. D’ailleurs, afin de montrer l’exemple, l’homme y figure déjà. Bien qu’au premier plan, il est minuscule dans cette nature recomposée. Dans la même position que ces quelques personnages, le spectateur est invité à s’attarder pour observer les détails du paysage, à le dessiner et à méditer sur sa propre humilité face la nature.