Fiche technique
ARCHAMBAULT, Luc (né en 1954). La Mécanique de l'image ou la porte quantique de la chose vue, 1985, céramique rehaussée à la feuille d’or vernie posée sur bois peint, 27 x 17 x 19 cm, don de Marie-Claude Langlois, Collège Ahuntsic, Montréal (Québec), Canada.
Biographie
Luc Archambault, né en 1954, est un artiste québécois installé à Lévis. Adolescent, il découvre la création artistique auprès de l’abbé Lucien Godbout, qui dirige l’atelier d’art du Petit Séminaire de Québec. Autodidacte, il se décrit comme peintre, sculpteur, céramiste, designer, graphiste, auteur, compositeur, scénographe, metteur en scène, performeur. Multidisciplinaire et prolifique, il a participé à de nombreuses expositions et événements d’art actuel au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Europe. Ses œuvres figurent également dans des collections publiques et privées de plusieurs pays. Pour le détail des nombreuses activités de l’artiste, consultez son site web.
Yves Lever et le Grand Prix de la recherche du Ministre
De gauche à droite, le ministre Claude Ryan et Yves Lever, 1988 ©Photo Bernard Vallée, ministère des Communications du Québec, nº88-713-B3
Yves Lever a reçu le Grand Prix de la recherche du Ministre en 1988 pour la publication de son livre Histoire générale du cinéma au Québec (1re édition parue aux Éditions Boréal en 1988). Afin d’honorer ce prix d’excellence, le ministre Claude Ryan lui a remis une bourse et une sculpture créée par Luc Archambault. En 2021, Marie-Claude Langlois, conjointe d’Yves Lever, a généreusement offert la sculpture au Collège Ahuntsic afin de rappeler la mémoire de l’enseignant-chercheur ainsi que sa carrière au sein de l’institution où il a enseigné de 1974 à 2003.
Yves Lever (1942-2020) commence à enseigner le cinéma en 1967 au Collège des Jésuites à Québec. Son intérêt pour l’enseignement et le cinéma le conduit à donner des cours dans plusieurs institutions scolaires et universitaires avant son intégration à l’équipe enseignante du programme de Cinéma mis sur pied en 1972 au Collège Ahuntsic. Spécialiste de l’histoire du cinéma, Yves Lever a contribué largement au monde cinématographique québécois. En plus de la publication d’ouvrages importants, il a à son actif des critiques pour plusieurs magazines; il a également collaboré au dynamisme du milieu cinématographique par sa participation à des associations professionnelles, à des comités de rédaction de magazines, à des conseils d’administration, à des comités d’organisation d’événements ou encore à des jurys de festivals de films. Assurément, Yves Lever a contribué à la formation de nombreux cinéphiles au cours de sa carrière.
Sur l’œuvre
En 1985, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie a créé le Prix du Ministre pour le meilleur didacticiel produit dans le réseau collégial pour chacune de ces trois catégories : la recherche, l’audiovisuel et l’informatique. À cette occasion, une sculpture a été réalisée par Luc Archambault pour être remise aux récipiendaires, intitulée La Mécanique de l'image ou la porte quantique de la chose vue.
L’œuvre se compose d’un assemblage de deux éléments : un cube de bois peint en noir sur lequel une sculpture est posée. Représenté par une tête stylisée penchée sur le côté, le personnage semble réfléchir. La présence d’engrenages en creux dans le crâne, associés aux rouages de la pensée, accentue cette impression. C’est dans cet esprit que Luc Archambault a créé le concept du trophée remis aux lauréats, qui symbolise la science, la technologie et la créativité de l’être humain, en explorant un thème qui lui est cher depuis le début de sa carrière : le corps humain.
La technique de conception de la sculpture témoigne de la grande connaissance de la céramique par l’artiste. En effet, le processus de fabrication de la tête s’est effectué en plusieurs étapes. La pâte de porcelaine essentiellement constituée de kaolin a été coulée dans un moule en plâtre, puis démoulée encore humide afin que soient effectuées les perforations sur la tête et à la base du cou. Après le séchage, l’œuvre a été cuite au four à basse température. Puis l’artiste l’a trempée dans un émail et de nouveau cuite, à haute température cette fois, afin de solidifier l’émail. Une fois refroidie, elle a été rehaussée de feuilles dorées vernies.
En contraste formel avec le cube noir géométrique sur lequel elle est posée, la sculpture montre beaucoup de lignes courbes. De plus, l’artiste exploite les capacités de la céramique pour accentuer le contraste chromatique entre le support monochrome noir et la sculpture, qui offre une coloration nuancée; plus blanche à la base, elle fonce progressivement dans une gamme de verts. Le noir intense est cependant rappelé dans les perforations de la tête et du cou, où la céramique dévoile sa structure interne creuse, qui représentent métaphoriquement des passages entre le monde extérieur et l’intérieur du corps. La combinaison du socle et de la sculpture montre également des textures différentes. Les fibres du bois accentuent l’aspect lisse et lustré de la céramique sur laquelle la lumière glisse, rehaussé par les formes triangulaires de la feuille dorée. Les paupières soulignées à la dorure font également ressortir l’expression pensive du personnage : le visage tourné vers le spectateur, il semble patienter, dans l’attente d’une réponse.
Cette sculpture, remise aux lauréats entre 1985 et 1988, comporte une double valeur : symbolique, car l’œuvre exprime l’hommage rendu aux récipiendaires, mais aussi artistique puisqu’il s’agit d’une création originale en céramique produite en édition limitée à 45 exemplaires; 15 de ceux-ci présentent une coloration spéciale, dont celui reçu par Yves Lever. Installée dans les locaux du département de Cinéma et d’Histoire de l’art, cette œuvre réfère tout à la fois à l’apprentissage, à l’ouverture aux savoirs, à la collaboration et à l’engagement de tous dans la connaissance.