Fiche technique de l’œuvre
BUI, Michelle (née en 1987). Chiffon vert de cadmium, sac de recyclage bleu, (…), 2023, impression à jet d’encre (#1/3), 152,5 x 122 cm, Collège Ahuntsic, Montréal (Québec), Canada.
Biographie
Photographe et sculpteure, Michelle Bui a obtenu un Baccalauréat avec un majeur en peinture et dessin de l’Université Concordia (2010), puis une Maitrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2018). Elle participe à de nombreuses expositions individuelles et collectives, ainsi qu’à des foires d’art contemporain au Canada et aux États-Unis. Plusieurs institutions publiques et privées collectionnent ses œuvres, dont le Musée des beaux-arts de Montréal, Patrimoine Canada, Desjardins et Hydro-Québec.
En 2022, Michelle Bui a reçu le Prix Pierre-Ayot de la Ville de Montréal en partenariat avec l’Association des galeries d’art contemporain, prix qui « souligne la facture exceptionnelle et l’apport original de la production d’artistes professionnels de 35 ans et moins. »1
Elle est représentée par la galerie McBride Contemporain à Montréal.
Sur l’œuvre
Le Comité d’acquisition d’œuvres d’art du Collège Ahuntsic a choisi cette photographie à l’hiver 2024. Chiffon vert de cadmium, sac de recyclage bleu, (…) faisait partie de la première exposition individuelle de Michelle Bui dans la galerie McBride Contemporain, à Montréal. Présentée du 14 septembre au 28 octobre 2023 dans l’exposition intitulée Affinités poreuses, l’œuvre était accompagnée d’une dizaine d’autres photographies de mêmes dimensions.
Commencée en 2020, Affinités poreuses est la 3e série d’œuvres photographiques que Michelle Bui réalise. Le concept de cette série se retrouve dans le titre des œuvres. L’artiste a commencé par réunir 2 objets, expressément nommées dans le titre de chacune d’elles. À partir de cette combinaison, elle développe la composition patiemment en ajoutant d’autres objets ainsi que des liquides, tous sous-entendus dans les points de suspension entre parenthèses. Ainsi, pour l’œuvre acquise, l’artiste a d’abord assemblé deux textures distinctes, un morceau de tissu et un plastique, avec deux couleurs différentes, vert de cadmium et bleu, puis progressivement, elle y a adjoint d’autres éléments, pas tous identifiables.
Les objets employés dans les compositions sont directement collectés par l’artiste dans son quotidien. Ils proviennent de différentes sources, qu’ils soient organiques et périssables, comme des végétaux de jardin ou des restes de table, ou synthétiques, comme ceux achetés dans des magasins au rabais ou des grandes surfaces lors de l’épicerie et conservés dans des boites dans l’atelier pour un futur usage; d’autres encore sont construits en argile par l’artiste.
Les photographies d’Affinités poreuses engagent le spectateur à réfléchir à sa consommation, et plus précisément à sa relation aux objets. Produits en grand nombre, ils sont accumulés et remplissent les espaces de vie quotidiens alors qu’on est peu informé sur les conditions dans lesquelles ils sont fabriqués et acheminés jusqu’à nous. L’encombrement des éléments dans les photographies incite à réfléchir sur le mode de vie contemporain et l’avenir de l’environnement urbain saturé et asphyxié par les déchets.
Michelle Bui produit ces assemblages dans l’atelier. Posés sur une surface horizontale, au sol ou sur une grande table, les objets se côtoient et se superposent au gré des manipulations de l’artiste dans un processus d’accumulation. L’intégration de liquides comme de l’eau chaude, de l’huile ou de la gélatine produit aussi des mouvements non contrôlés dans la composition. Au cours du processus, qui dure plusieurs jours, certains éléments se détériorent et fermentent, ce qui introduit également des accidents dans les arrangements. Progressivement les couches se multiplient, emprisonnant les objets, créant une sédimentation de déchets. L’artiste arrête le processus lorsqu’au détour d’une manœuvre elle perçoit un équilibre dans l’assemblage qu’elle fixe par la photographie.
Cette photographie prise directement, en plongée, intervient comme moyen de préservation de l’harmonie de la composition, toujours en mouvement en raison des matériaux employés. La photographie garde la trace finale du travail dans l’atelier et celle de l’équilibre précaire entraperçu. Les retouches effectuées à l’ordinateur sont minimes afin que le résultat final reste proche de la réalité des matières manipulées. Le format d’impression ajoute à la décontextualisation des objets. En les agrandissant, Michelle Bui engage les spectateurs à les regarder autrement, loin de leur fonction utilitaire. Devenus formes, couleurs, contrastes, textures, brillances et même odeurs, leurs représentations déstabilisent le spectateur. Avec l’accumulation, les photographies ressemblent au témoignage d’une époque, une archive visuelle, appelant à réfléchir au mode de vie occidental qui produit quantité de déchets et de pollution dans l’environnement.
1 Ville de Montréal, « Prix Pierre-Ayot », Ville de Montréal, 1er décembre 2023, réf. du 7 juin 2024, https://montreal.ca/programmes/prix-pierre-ayot
Informations additionnelles
Consultez le site Web de la galerie McBride Contemporain.