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Sylvie Bouchard

1-Sylvie Bouchard
2-Sylvie Bouchard

Fiche technique

BOUCHARD, Sylvie (née en 1959). Les chambres colorées, 1999, huile et époxy, toile marouflée sur bois, 270 x 1260 cm, Collège Ahuntsic, Montréal (Québec), Canada.

Biographie

Artiste peintre, Sylvie Bouchard vit et travaille à Montréal. Après l’obtention d’un baccalauréat en arts visuels à l’Université d’Ottawa, elle complète sa formation avec des cours de philosophie à l’Université du Québec à Montréal.

Depuis 1983, elle participe régulièrement à des expositions individuelles et collectives, principalement au Canada. Elle a également produit des œuvres publiques, dont la peinture murale située à l’entrée de la bibliothèque Laurent-Michel-Vacher au Collège Ahuntsic, acquise dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement (communément appelée « le 1% »), lors de l’agrandissement du bâtiment B, entre 1998 et 2000.
 
Ses tableaux figurent dans plusieurs collections privées et publiques au Canada, dont celles du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, de l’Université de Montréal, de la Banque Royale du Canada et de la Banque Nationale.

Sa peinture s’inscrit dans le mouvement du Retour à la figuration, qui émerge dans les années 1980 et à travers lequel les artistes trouvent une nouvelle voie à la pratique picturale; ce courant se distingue tant du naturalisme imité ou idéalisé de la période classique que de l’abstraction de la période moderne.

Les tableaux qui composent la série Les chambres colorées ont été exposés à plusieurs reprises, notamment au Musée régional de Rimouski (1997), à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke (1998) et au Musée d’art contemporain de Montréal (2003). La peinture murale de la bibliothèque Laurent-Michel-Vacher a été conçue et réalisée spécifiquement pour ce lieu.

Pour plus d’information sur l’artiste, consulter son site web personnel : sylviebouchard.net 

Pour d’autres œuvres publiques de Sylvie Bouchard à Montréal, consulter la base de données du projet Art public Montréal, initiative du Service de la culture de la Ville de Montréal : artpublicmontreal.ca

 

Description de l’œuvre 

Les sujets de prédilection de Sylvie Bouchard dans les années 1990 se retrouvent dans cette peinture murale : l’architecture, l’espace et la technique picturale.

En entrant dans la bibliothèque, le spectateur longe une longue peinture murale, rythmée par des arcs qui divisent une architecture intérieure en plusieurs pièces. Les lieux représentés semblent étranges : les cloisons n’ont pas d’épaisseur, pas de plinthes, ni de moulures; aucune fenêtre n’ouvre vers l’extérieur, et l’absence de mobilier ne permet pas d’attribuer une fonction précise aux lieux figurés. Pourtant, cette architecture factice tisse des liens avec l’espace réel où elle est présentée. Par exemple, les arcs qui divisent les pièces font écho à la forme des fenêtres de l’édifice; les personnages figurés, qui interpellent le regard avec leurs vêtements de couleur rouge, semblent de passage, tout comme les usagers de la bibliothèque dans cette entrée; finalement, les couleurs satinées de l’huile rappellent les teintes du cuir des livres reliés.

Par le mouvement du spectateur, les pièces se succèdent, l’engageant à franchir les portes représentées et à laisser son regard circuler dans cette ambiance énigmatique, pour se déplacer vers d’autres espaces plus familiers, ceux de la bibliothèque du Collège.

Intégrée au mur de l’édifice, la peinture murale occupe tout l’espace. En l’absence de cadre en relief, une continuité s’installe entre la représentation et la bibliothèque, incitant le spectateur à se situer dans l’architecture figurée et réelle.

En plus d’engager une réflexion sur l’espace, Sylvie Bouchard s’appuie sur la tradition picturale dans Les Chambres colorées. Les lieux représentés sont composés de plans colorés qui rappellent les tableaux de l’abstraction géométrique. Mais, disposés selon les règles de la perspective mathématique linéaire à point de fuite, telles qu’appliquées à partir de la Renaissance, ces plans ressemblent davantage à des décors scéniques. Ils dégagent une atmosphère mystérieuse. En plus de la profondeur, d’autres éléments réfèrent à la peinture classique, tels les rideaux qui rappellent les nombreux drapés dans les tableaux, la couleur rouge fréquemment utilisée dans les portraits d’apparat ou encore la technique picturale à l’huile satinée qui ressemble à celle des fresques. Certains reconnaitront même, dans les oranges poussées par le personnage central de l’œuvre, celles posées près de la fenêtre des Époux Arnolfini de Jan Van Eyck. La peinture murale Les chambres colorées demande qu’on s’y attarde car, tout comme une bibliothèque, elle est un espace de connaissance.